Le combat invisible des femmes queer féminines

À l’intersection entre plusieurs discrimanations, les femmes queer féminines, tout particulièrement les lesbiennes et bisexuelles, sont invisibles dans les médias et dans la société de façon générale. Dans les médias, qu’il s’agisse de séries, de films ou de presse, leur représentation est soit inexistante, soit déformée à travers des stéréotypes. Les rares personnages lesbiennes fictives finissent bien souvent par renforcer la lesbophobie, au lieu de proposer des modèles inspirants.
Quelle place pour les plus féminines dans la culture LGBT ?
De plus en plus d’initiatives permettent de mettre en avant les personnes LGBT, des magazines tels que Têtu offrent un espace médiatique pour les hommes gays. Des mouvements culturels de plus en plus visibles tels que le Drag ou encore le voguing, sont nés dans le but de permettre aux hommes homosexuels et aux femmes trans d’exprimer leur identité en toute liberté. Bien que ces initiatives contribuent à la visibilité des personnes LGBT auprès du grand public, elles ne font que renforcer l’invisibilité des femmes queer, qui n’y trouvent pas toujours leur place. La culture lesbienne est ainsi invisible dans la société, voir même inexistante.
Ce constat est d’autant plus réel à la Réunion, où la communauté LGBT+ commence tout juste à prendre sa place au sein de la société, avec l’apparition d’associations et d’événements luttant pour la visibilité et l’acceptation des personnes queer.
Une réalité violente au quotidien
Les jeunes filles qui se questionnent sur leur sexualité sont les premières à subir les conséquences de cette invisibilité. Par exemple, si l’une d’elle s’interroge sur son orientation sexuelle et tape “lesbienne” sur Internet, elle sera rapidement confrontée à des images pornographiques, ou à des stéréotypes sexualisés qui renvoient une image sale et dégradante. C’est de moins en moins le cas aujourd’hui grâce au collectif SEO lesbienne, qui tente de corriger le référencement du mot lesbienne sur les moteurs de recherche.
De plus, la représentation des femmes lesbiennes dans la société et les médias, est souvent celle d’une femme au fort caractère, quand elle n’est pas complètement masculine ou sexualisée. Ce stéréotype, très ancré dans l’imaginaire collectif, laisse place à des réactions qui remettent en question la sexualité des plus féminines. Il n’est pas rare d’entendre dire “t’as pas l’air d’une lesbienne”, ou encore “t’es pas vraiment bi”. Dans ce contexte, le challenge n’est pas tant d’être accepté, mais de parvenir à convaincre son entourage qu’on est réellement queer. Ce combat peut être interne et poser de réelles difficultés, par exemple pour les femmes bisexuelles qui sortent avec des hommes et qui ne se sentent alors plus du tout légitimes à fréquenter des endroits dédiés à la communauté LGBT.
Sans cesse confrontées au rejet et à la remise en question de leur identité, les personnes queer féminines ne parviennent pas à trouver du soutien auprès de la communauté sensée les soutenir. Pourtant, elles subissent les mêmes discriminations.
Oui, la discrimination LGBTophobe est toujours présente
Le rapport d’SOS Homophobie de 2024 met en lumière les sphères dans lesquelles les lesbiennes subissent le plus de discriminations : la famille et les lieux publics. Les violences physiques et verbales sont ainsi la plupart du temps affligées en groupe ou par un homme seul. Ce sont souvent des grimaces, des regards de dégoût, des bruits d’écoeurement. Dans la rue, les mêmes gimmicks sont repris : “sale gouine”, “va brûler en enfer”, “dégueulasse”, ou encore “contre nature” sont les plus répandus. Ces paroles sont malheureusement souvent accompagnées de gestes, de coups et d’insultes. À tout ce harcèlement vient s’ajouter le manque de soutien.
“Voir les lesbiennes discriminées, rejetées, agressées ne suffit donc pas : il est primordial qu’elles sachent qu’elles ne seront ni soutenues, ni comprises, ni protégées.”
SOS Homophobie dénonce le fait que les témoins ne fassent rien pour calmer le jeu ou pour venir en aide aux victimes, mais aussi le manque de sérieux des agents de police face aux plaintes pour agressions lesbophobes.
Dans cette situation, de nombreux couples lesbiens réfléchissent à deux fois avant de se tenir la main dans la rue. Il est encore moins imaginable de flirter dans un parc ou sur la terrasse d’un café, comme le ferait naturellement un couple hétérosexuel. On ne se sent en sécurité nulle part.

Un espoir d’amélioration avec les jeunes générations
La situation a tout de même bien évolué au fil des années, on peut aujourd’hui assumer sa sexualité en famille, au travail, au quotidien. Certains couples gays et lesbiens osent se montrer dès le lycée et notamment partager leur vie de couple sur les réseaux sociaux. Les enjeux ne sont pas les mêmes que ceux des personnes plus âgées, qui ont dû rester cachées, renoncer à l’amour pour convenir aux attentes familiales ou encore vivre toute leur vie dans la réserve et dans la honte. Le ressenti n’est pas le même selon la génération, grandir avec Internet offre aux jeunes un accès direct à l’information et propose une nouvelle forme de soutien à travers les plateformes en ligne.
De plus, on retrouve aujourd’hui plusieurs séries Netflix qui aident à mieux comprendre les enjeux LGBT , avec des personnages de plus en plus diversifiés.
Il est possible d’espérer qu’avec le temps, tout le monde soit mieux représenté et accepté dans la société. La situation doit changer et devenir moins douloureuse pour les femmes queer féminines afin qu’elles puissent enfin prendre toute leur place et exister dans la société.
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