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Spectre – Le média queer réunionnais

Thiago : "Ma place est claire !"

Nous avons rencontré Thiago, un jeune homme dont le sourire illumine la pièce. Il nous raconte ce que c’est que d’être trans à la Réunion, et les défis liés à sa surdité.

Être trans, ça se passe comment avec tes proches ?

Dans ma famille, ça a plutôt été bien accepté. Certains avaient du mal, mais la majorité l’a bien pris. C’était quand même difficile pour certains, car je suis né fille et je suis un homme, ça peut être perturbant. Du côté de mes amis aussi, certains ont refusé de m’accepter comme je suis. Je me dis que c’est pas grave, parce que j’ai des gens qui me soutiennent. De façon générale, ça a été positif pour moi. 

Être sourd à la Réunion, tu le vis comment ?

C’est difficile à expliquer, car j’ai grandi sourd. Par contre, il y a un problème au niveau de l’accessibilité. C’est en cours d’évolution, surtout dans le secteur médical, il y a par exemple des interprètes qui sont gratuits. Ça évolue, mais il faudra du temps pour que ça s’améliore vraiment.

Penses-tu que les réunionnais acceptent les trans ?

Concernant l’ouverture d’esprit envers les personnes trans à la Réunion, c’est un peu plus compliqué qu’envers les autres. Être gay, lesbienne, bi, je trouve que c’est mieux accepté. Alors que transgenre, c’est plus compliqué. Il faut continuer à sensibiliser, influencer sur les réseaux sociaux, et je pense  qu’avec le temps, ce sera mieux toléré.

Thiago

Que penses-tu des étiquettes : gay, bi, trans...?

Pour ce qui est des étiquettes, ma place est claire : je suis un homme trans. Mais je ne ressens pas vraiment le besoin de le dire, ça n’a pas d’importance pour moi.  Je ne me sens pas obligé d’avoir une étiquette, avec ou sans, ça ne change rien pour moi.

Que penses-tu des mouvements militants, tels que la Pride ?

J’suis allé à la Pride à la Réunion en 2023, c’était vraiment une belle expérience. C’est un autre monde, plus coloré, plus libre, plus Out. On s’y sent bien, c’était une belle ambiance, un combat pour les personnes qui ne peuvent pas être Out. Dans le monde, certains pays interdisent la communauté LGBT, et on était là pour combattre ça. Pour moi, c’était juste beau.

As-tu déjà vécu des discriminations ?

J’ai vécu une situation discriminatoire quand j’étais à Paris, dans un salon de coiffure. C’était à cause du prix. De base, j’aurais dû payer moins cher, car je voulais juste une coupe à la tondeuse, mais ils ont refusé. Je devais payer plus cher parce que j’avais des seins, et que pour eux, j’étais une femme. J’ai été clair, je suis un homme. Et ils ont osé refuser ma propre identité. C’était fort, quand même. 

Raconte-nous une fois où tu t'es senti accepté.

Quand je suis parti en France hexagonale chez une amie, il y avait quelqu’un que je ne connaissais pas. Cette personne m’a dit que je suis un homme, qu’elle ne me voyait pas comme une femme et que pour elle c’était évident. J’ai été surpris, ça m’a touché que quelqu’un qui ne me connaît pas me dise ça.

Si tu pouvais parler au Thiago du passé, tu lui dirais quoi?

Si je pouvais revenir cinq ans en arrière, je me dirais « Thiago, ne t’inquiète pas, avec le temps, tu t’accepteras mieux. Tu te trouveras. Il faut être patient même si c’est dur, car tu atteindras ton objectif. Ton identité sera claire, un jour, tu réussiras. »

Un dernier message à faire passer ?

Un message pour tout le monde : vous êtes nés pour vous et pas pour les autres. Tu es né pour toi, tu grandis pour toi, et si tu te sens bien comme ça, on s’en fout des autres. Bien qu’on puisse te juger, l’important, c’est que tu te sentes bien et que tu vives pour toi. Les relations que tu perds ou que tu gagnes, on s’en fout, l’important, c’est que tu te sentes bien. 

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