Beral : “Le drag, c’est la quintessence de soi-même”

Nous avons rencontré Beral, alias Bayonettta Esperanza. Son art : le drag. C’est avec passion qu’il nous raconte sa découverte du monde du drag et son expérience face au regard des autres.
Peux-tu nous expliquer ce qu’est une drag queen ?
Une drag queen, c’est la représentation de la quintessence d’une personne. Pour moi, c’est une représentation physique de la personnalité de quelqu’un, sans barrières.
Comment as-tu découvert le drag ? Comment est née Bayonettta Esperanza ?
J’avais besoin de me retrouver dans un mélange de toutes les formes d’art que j’apprécie. J’adorais la peinture, le dessin, la danse, toutes ces choses-là. Le drag, finalement, ça regroupe tous ces points-là.
Techniquement, c’est ma mère qui m’a mis en drag la première fois. J’avais trois ans, c’était au carnaval de Martinique. Elle ne se rendait pas compte de ce qu’elle faisait (rires). En fait, il y a un jour du carnaval où les filles se mettent en garçon, et les garçons se mettent en filles. C’était la première fois pour moi où j’étais en drag. Sinon, la vraie première fois, j’avais 13 ans et c’était à Halloween, comme pour la plupart des drag queens.
Ma première performance en public était à Lyon, c’est là-bas que j’ai commencé. Il y avait un petit bar associatif, mon grand frère m’a inscrit à une scène ouverte. Je me souviens du stress énorme que c’était de monter sur scène. J’avais fait le show sur un remix de WAP avec Britney Spears. C’est l’une de mes meilleures performances, encore aujourd’hui. C’était génial.
L’envie de revenir sur scène, elle est immédiate, dès que ça se termine. Le stress ne dure vraiment pas longtemps, au final. C’est cette sensation incroyable qui fait que je suis là aujourd’hui.

Quels sont les challenges auxquels on fait face dans la société en tant que Drag queen ?
Déjà, dans la communauté LGBT, on n’est pas forcément bien vues parce qu’on arrive à fédérer beaucoup de personnes, qu’elles soient queers ou pas. Les hétéros nous adorent, enfin, pour la plupart.
Malgré tout, on peut être mal vues, surtout dans la communauté gay, parce qu’on est un peu l’évolution légendaire du Pokémon gay. Forcément, c’est pas le stade que tout le monde veut atteindre. On génère beaucoup de joie, mais d’un autre côté, il y a beaucoup d’inquiétudes et parfois, les gens peuvent avoir peur.
Le fait d’être visuellement une femme, ça, c’est quelque chose. Quand je traversais la rue en drag, j’ai remarqué ça. J’ai été confronté pour la première fois au regard que les hommes peuvent avoir sur les femmes.
Par exemple, le premier soir, c’était une soirée entre amis, on allait faire des courses avant la fête. Un homme était là avec sa femme et le bébé dans le caddie. La femme était très concentrée sur sa liste de courses, car le magasin allait bientôt fermer. Elle répétait tout ce qu’il leur manquait. Lui, il ne l’écoutait pas du tout, il a juste tourné la tête. Il m’a fixé, tout le temps où j’ai traversé. J’ai eu le grand plaisir de lui dire “Bonsoir” avec une grosse voix grave. Ça l’a tout de suite calmé.
Qu’est-ce que Bayonettta t’a apporté que Beral n’avait pas ?
Ce qu’elle m’a apporté dans ma vie en tant que Beral, c’est la confiance en moi. J’ai toujours été quelqu’un d’extraverti, mais qui avait malgré tout tendance à s’effacer, par peur de créer le malaise.
Aujourd’hui, grâce à elle, j’ai confiance en moi à 100%. Au point où je dis ce que j’ai à dire, les gens font avec et puis voilà.
Comment ça se passe avec ta famille et tes amis depuis que tu fais du drag ?
Dans l’évolution de nos relations, c’était quand même une étape. On fait beaucoup de coming-out dans sa vie. Le premier, pour ma part, c’était le moment où j’ai dit que j’étais gay. Ensuite, le moment où on dit qu’on est drag queen n’est pas facile, on peut avoir peur des réactions.
Mon père m’a simplement dit “sois heureux”. J’ai été très chanceux de ce côté-là. Depuis l’enfance, il nous a toujours dit à mes frères et moi : “Fais ce que tu veux de ta vie, mais fais-le bien.”
Ma mère, elle, a dit “je vais enfin avoir une fille !”. Avec quatre garçons, elle n’attendait que ça. Dans mes amitiés, c’était plutôt positif, parce que les gens ont vu à quel point ça me faisait du bien à moi, et aux gens qui venaient me voir.
As-tu d’autres façons d’exprimer ta créativité ?
Oui, c’est vrai que j’ai de la créativité à revendre. Le drag répertorie un peu tout, mais j’ai toujours besoin de plus. L’une de mes grandes passions, moi qui suis un grand geek, c’est les jeux de rôles.
Après une semaine de spectacles, j’ai mon rendez-vous du dimanche pour jouer à Donjons & Dragons avec des copains. On lance les dés et on est encore un autre personnage. Je ne m’arrête jamais finalement. Pour moi, l’art, c’est essentiel dans la vie.
D’où vient le nom Bayonettta Esperanza ?
Bayonetta vient de mon jeu vidéo préféré du même nom. J’ai vu sa démarche, je me suis dit “mon dieu, je veux être comme elle”. J’ai ajouté un “t” pour le copyright, on ne sait jamais.
Esperanza, c’est pour le jeu de mot. On est les baïonnettes de l’espoir. Mon but est de promouvoir la bienveillance, que tout le monde se sente bien dans le meilleur des mondes. Je sais, c’est très utopique. Mais c’est un peu la philosophie des soirées qu’on organise. On veut juste que tout le monde s’y sente bien.
Que dirais-tu au petit Beral, si tu pouvais lui parler aujourd’hui ?
On peut dire que je mène la vie dont j’ai toujours rêvé, même si j’ai encore des rêves de grandeur, je sais que je peux aller plus loin.
Ce que je dirais au petit Beral, c’est “Aie confiance en toi, peu importe ce que les gens pourraient dire. N’écoute pas les mauvaises critiques, surtout si elle ne sont pas constructives. Peu importe ce que les gens diront. Tu es forcément capable du meilleur.”
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